En réponse aux droits de douane américains de 145 % imposés sur les marchandises chinoises, Pékin a donné instruction à ses compagnies aériennes de ne pas accepter les avions fabriqués par le constructeur aéronautique américain.
Dans le contexte d’une guerre commerciale avec les États-Unis, la Chine a choisi de contre-attaquer là où cela nuit le plus. D’après l’agence Bloomberg, Pékin a ordonné aux compagnies aériennes chinoises de rejeter toutes les livraisons d’avions du fabricant américain Boeing. Selon Bloomberg, qui s’appuie sur des sources bien informées, les autorités chinoises leur ont également ordonné de « cesser tout achat d’équipements et de composants d’avion ».
Ce récent décret de Pékin est manifestement une réponse supplémentaire à la décision de Donald Trump, le jeudi 10 avril, d’augmenter les tarifs douaniers américains sur les produits chinois jusqu’à 145 %. Dans une première réponse le vendredi 11 avril, Pékin a également augmenté ses droits de douane sur les produits américains à 125 %.
« Selon eux, la Chine pourrait constituer près de 20 % du marché des avions commerciaux pour les deux prochaines décennies, affirmant que « l’administration américaine ne peut pas faire abstraction de Boeing ». »
« Étant donné que l’avionneur est le plus grand exportateur américain, nous ne sommes pas étonnés par l’initiative de la Chine. » Toutefois, ils soulignent que « nous ne croyons pas que cela puisse être soutenable sur le long terme ».
D’après leur analyse, Airbus, le rival européen, ne peut remplacer Boeing pour plusieurs raisons. D’abord, son carnet de commandes est déjà plein jusqu’à la fin des années 2020. Ensuite, Comac, le constructeur chinois, dépend fortement des fournisseurs américains.
Si l’interruption des expéditions était avérée, cela aurait un impact direct sur le commerce extérieur américain, qui a déjà été éprouvé en 2024 à cause de Boeing.
Parce que sa fabrication a connu un important ralentissement en raison de nombreux problèmes de qualité survenus lors d’un incident aérien en janvier 2024, et deux usines ont été immobilisées par une grève de plus de cinquante jours à l’automne.
D’après les données américaines officielles, les ventes à l’étranger d’avions commerciaux se sont chiffrées à 4,23 milliards en août, alors qu’elles n’ont été que de 2,56 milliards en septembre, 2,34 milliards en octobre et 1,76 milliard en novembre.
Le montant a augmenté à 3,12 milliards en décembre, quand les livraisons de Boeing ont commencé à reprendre progressivement.
Depuis août, Kelly Ortberg, PDG de Boeing, a mis en évidence devant le Sénat début avril que l’entreprise soutenait 1,8 million d’emplois aux États-Unis et apportait une contribution de 84 milliards $ US à l’économie nationale chaque année.
L’arrêt des livraisons aurait aussi des répercussions directes pour le groupe qui reçoit traditionnellement 60 % du montant à la livraison.
En raison de l’« annus horribilis » de 2024, il épuise considérablement une réserve financière déjà réduite par la pandémie de Covid-19 et par deux accidents aériens ayant causé 346 décès, qui ont conduit à l’arrêt des vols des 737 MAX pendant un minimum de vingt mois.
La Chine a été la dernière à rétablir leur autorisation dans son espace aérien — en janvier 2023, soit deux ans après l’Europe — et à relancer les livraisons de Boeing — en décembre 2023.
Cependant, Pékin n’est pas le seul danger qui le guette.
Michael O’Leary, directeur de Ryanair, première compagnie aérienne d’Europe en termes de passagers, a aussi mis en garde mardi qu’il pourrait différer la livraison de 25 Boeing prévus à partir d’août s’ils devenaient plus coûteux en raison des taxes douanières.
Ryanair, qui est un client majeur du groupe, a notamment fait une commande en mai 2023 de 300 avions 737 MAX 10, dont 150 réservés fermement, pour un coût total « évalué à plus de 40 milliards de dollars ».
La semaine passée, Ed Bastian, le directeur de Delta Air Lines, a déclaré qu’il ne prévoyait pas de s’acquitter de droits de douane pour les Airbus qu’il recevra cette année.