Ce vendredi, Vladimir Poutine a exprimé sa conviction que Donald Trump n’aurait pas réellement l’intention d’imposer des sanctions à son pays et de faire diminuer le coût du pétrole, car cela, selon lui, « nuirait à l’économie américaine ».
Pas mal du tout, pas peur du tout. Vendredi, le Kremlin a semblé plutôt inébranlable malgré la tonalité apparemment plus intimidante de Donald Trump concernant le conflit en Ukraine.
Alors que le président américain récemment élu se préparait, mardi, à imposer de nouvelles sanctions contre la Russie pour forcer le Kremlin à s’engager dans des pourparlers en vue de mettre un terme à ce conflit, Vladimir Poutine, sur les ondes de la télévision d’État, a exprimé sa conviction que le leader américain ne prendrait pas « des décisions nuisibles à l’économie américaine ».
Le président Poutine ne prévoit pas de chute du prix du pétrole.
Il a spécifiquement réagi aux déclarations de Donald Trump, jeudi, indiquant qu’il envisagerait de collaborer avec l’Arabie saoudite pour réduire le coût du pétrole dans le but de déstabiliser l’économie russe, fortement liée aux ventes de pétrole brut, en raison du manque d’engagement sincère du Kremlin à poursuivre la paix. Vladimir Poutine a exprimé sa certitude que cela ne se produirait pas, parce que les États-Unis en subiraient également les conséquences.
Cependant, il n’a pas spécifié en quoi une réduction du coût du baril serait défavorable à l’économie américaine, qui présente des sentiments partagés sur ce sujet : La plupart des entreprises et des ménages aux États-Unis bénéficieraient d’une réduction du prix du baril, qui s’élève actuellement à 78 dollars pour le brent. Cependant, cela ne serait pas le cas pour l’industrie pétrolière, notamment au Texas. De plus, une telle baisse aurait un impact négatif sur la rentabilité des nouveaux projets liés au pétrole de schiste, qui ont propulsé les États-Unis en tête du classement mondial de la production pétrolière, avec une production de 13,4 millions de barils par jour, surpassant ainsi l’Arabie saoudite.
Habituellement, le pétrole est de loin la principale source de revenus en devises pour la Russie, représentant environ 50% du total. Bien que les sanctions occidentales aient restreint la majorité des marchés occidentaux, traditionnellement responsables de deux tiers de ses ventes, le pétrole russe persiste à être exporté, principalement vers la Chine (47 % du total) et l’Inde (37 %), ou encore vers d’autres destinations en contournant les restrictions, au moyen de réductions de prix grâce à une « flotte fantôme » de pétroliers.
Cependant, une nouvelle série de sanctions imposées par l’administration Biden juste avant la fin de son mandat vise ces derniers. Désormais, les pétroliers de cette flotte sont incapables d’accoster n’importe où, y compris en Chine.
Kiev préoccupé par des pourparlers sans sa présence.
Selon Vladimir Poutine, Donald Trump est « intelligent et pragmatique » et il ne serait donc pas judicieux que les États-Unis s’imposent eux-mêmes de nouvelles sanctions, comme il l’a dit. Poursuivant dans la flatterie, dont il sait que le nouveau résident de la Maison-Blanche est avide, le président russe a déclaré que si Donald Trump « avait occupé la présidence, s’ils ne lui avaient pas dérobé la victoire en 2020, la crise ukrainienne de 2022 n’aurait peut-être pas eu lieu ». Donald Trump est également très réceptif à l’idée du supposé détournement de la présidentielle de 2020.
Vladimir Poutine a aussi réaffirmé sa disposition à négocier avec le président américain concernant l’Ukraine, sans toutefois préciser de date spécifique. Pour la première fois, Donald Trump avait annoncé à la mi-janvier son intention de rencontrer Poutine afin d’examiner les possibilités d’un compromis. Les deux dirigeants se disputent pour savoir qui a fait la première demande.
Toute discussion entre les deux leaders doit inclure Kiev et l’Europe, sinon l’Ukraine s’y oppose. Poutine souhaite « discuter de l’avenir de l’Europe sans impliquer l’Europe elle-même ». Il souhaite aborder le sujet de l’Ukraine sans toutefois inclure l’Ukraine elle-même dans la discussion. Cela ne se produira pas. « Poutine devra lui-même se confronter à la réalité, ou il sera confronté à la réalité », a déclaré vendredi Andriy Iermak, le responsable de l’administration présidentielle ukrainienne, sur Telegram. Il sera d’autant plus ardu de trouver un accord, étant donné que les positions de Kiev et Moscou sont diamétralement opposées, tant en ce qui concerne le statut des territoires que la question des garanties de sécurité.